11 août 2025 - 05:00
Une maison de chambres pour autistes inquiète le voisinage
Par : Olivier Dénommée
La maison de la rue Pigeon visée pour le projet LA CASA. Photo Robert Gosselin | L’Œil Régional ©

La maison de la rue Pigeon visée pour le projet LA CASA. Photo Robert Gosselin | L’Œil Régional ©

Un projet de maison de chambres pour une clientèle autiste dans un quartier résidentiel de Belœil est compromis à la suite de craintes de voisins, concernant notamment la circulation et la quiétude. Ces derniers ont réussi à forcer la tenue d’un registre.

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Surnommé LA CASA (pour Logements adaptés clientèle autiste semi-autonome), le projet est mené par la propriétaire du 300, rue Pigeon à Belœil, Nathalie Phaneuf, qui souhaite transformer sa maison unifamiliale pour accueillir huit personnes autistes semi-autonomes avec supervision. Le projet comprend la construction d’un deuxième étage et prévoit l’utilisation de deux cases de stationnement seulement.

Le projet a été approuvé par les élus de Belœil lors de la séance ordinaire du conseil municipal du 14 juillet. Pour réaliser LA CASA, il fallait entre autres ajouter un nouvel usage, et le mécanisme réglementaire retenu est un projet particulier de construction, de modification ou d’occupation d’immeuble (PPCMOI), lequel prévoit un processus d’approbation référendaire pour les gens opposés à l’idée.

Comme il s’agit d’un secteur avec essentiellement des maisons unifamiliales, une voisine, Gisèle Boucher, s’est présentée à la séance publique du conseil pour représenter ceux qui s’inquiètent de ce projet. Tout en assurant qu’elle n’était pas contre la cause, elle doutait que ce quartier soit le bon pour accueillir un tel projet.

La mairesse Nadine Viau a souligné qu’une rencontre a eu lieu entre Mme Phaneuf et des voisins le 26 juin pour les informer des détails du projet, qu’elle compare à la Maison Véro et Louis. « Ce qui était important pour ce projet dans le secteur, c’était d’identifier l’accès rapide au transport en commun et l’accès rapide au centre commercial qui est un espace propice pour pouvoir faire travailler ces jeunes adultes. » Selon elle, une des cases de stationnement sera réservée à l’intervenant qui sera sur place, l’autre servira au transport adapté qui passera le matin et en fin de journée. Comme les futurs résidents de LA CASA n’auront pas de permis de conduire et que les visites seront limitées en semaine, cette maison de chambres ne devrait pas augmenter le trafic dans le secteur.

Pour ce qui est de la quiétude, un couvre-feu est prévu à 22 h pour les résidents les plus autonomes et les chambres seront bien insonorisées, pour répondre aux « particularités sensorielles » des résidents. Les espaces communs seront plus animés, incluant la cour arrière, mais la propriétaire a assuré à la Ville qu’il sera important pour les résidents de se montrer respectueux, autant envers les autres locataires que le voisinage. « En cas de débordement d’un jeune, une salle de retour au calme est prévue dans le projet », ajoute la mairesse.

La conseillère Louise Allie s’est manifestée pour émettre certaines réserves sur le vote pour les résolutions, trouvant que « ça s’est fait vite » et que pas assez de citoyens n’ont été informés plus tôt, ce qui a pu expliquer leur réticence à accepter un tel projet à côté de chez eux. « C’est un beau projet, j’en suis sûre, mais la façon avec laquelle ça a été fait et présenté au public, j’ai des réserves. J’aurais préféré qu’il y ait une vraie consultation avisée. » Elle n’a toutefois pas demandé le vote sur la question.

Le registre sera tenu en septembre puisque 17 signatures ont été récoltées dans la zone visée et le minimum requis était de 12. Les détails de la prochaine étape, dont le nombre de signatures requis, seront dévoilés dans les prochaines semaines par la Ville dans un avis public. Le registre pourrait ultimement mener à un référendum sur la question.

Déception

La propriétaire de la maison, Nathalie Phaneuf, s’est montrée déçue de constater une telle résistance face à un projet qu’elle a en tête depuis 2012. Elle-même mère d’un jeune homme autiste non verbal de 17 ans, elle s’est associée à d’autres parents pour fonder LA CASA en 2015. Elle a fait l’acquisition de la maison visée en 2023 et croit toujours qu’il s’agit de l’endroit idéal pour réaliser le projet. « Idéal pour permettre l’inclusion de jeunes adultes, car près de petits commerces, donc de potentiels lieux de travail. Idéal car tout peut se faire à pied », soutient-elle.

Elle trouve dommage que, lors de la rencontre du 26 juin, elle ait senti que les voisins présents « n’étaient pas en mode écoute » et déplore les raisons qui peuvent pousser les opposants à tenter de barrer la route au projet. « Toutes sortes d’arguments sont utilisés. Mais personne n’ose dire que c’est la clientèle qui cause cette inquiétude. » Pour Mme Phaneuf, il s’agit bien d’un cas de « pas dans ma cour ».

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