29 novembre 2023 - 07:01
Une petite pause
Par: L'Oeil Régional
Vincent Guilbault

Vincent Guilbault

Quelques lignes encore sur Northvolt. Nous sommes un peu plus loin des faits cette semaine. Un peu plus dans le ressenti avec notre rencontre avec Paolo Cerruti, l’homme derrière la compagnie au Québec.

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J’ai eu l’occasion de rencontrer le président-directeur général pendant une bonne heure. Paolo Cerruti s’est prêté au jeu de la prise de photos, des nombreuses questions et de la conversation un peu plus personnelle.

Bien sûr, on peut y voir une opération de relations publiques et de charme. Ça doit l’être un peu, forcément (ce n’est pas mal en soi). En implantant une usine de 7 milliards de dollars dans la cour arrière de Saint-Basile et McMasterville, l’ingénieur et homme d’affaires sait bien que l’acceptabilité sociale est un aspect important de son projet.

Mais pour un journal régional comme L’ŒIL, c’est plutôt rare de voir un chef d’une entreprise internationale consacrer du temps pour une entrevue aussi longue. Difficile donc de ne pas le souligner.

Bien sûr, le portrait que nous dressons de la personne dans nos pages cette semaine ne vise pas à influencer la pensée de nos lecteurs sur l’implantation de l’usine. Avec les révélations médiatiques des dernières semaines concernant la destruction possible de milieux humides, les opposants aux projets sont devenus de plus en plus vocaux sur la question; surtout, ils ont maintenant de nouveaux arguments, alors que l’entreprise Northvolt avait réussi en bonne partie à atténuer certaines craintes concernant le bruit ou la pollution. Retour à la case départ donc.

Notre rencontre avec le PDG vise surtout à comprendre qui se cache derrière toutes ces décisions. Surtout que le gouvernement, peu importe le nombre de révélations, semble continuer à laisser des passe-droits à l’entreprise et à l’accommoder le plus possible dans sa venue ici (c’est l’aspect le moins rassurant de toute cette aventure). Comme l’usine semble inévitable, j’aime aussi bien apprendre à connaître la personne qui sera derrière le volant.

Je fais le parallèle avec nos élus des villes qui ont accepté de nous rencontrer dans le cadre d’une longue entrevue (cette semaine, Nadine Viau à Belœil). Mme Viau s’est ouverte sur la rémission de son cancer en septembre dernier dans un papier très touchant. Plusieurs personnes ont confié au journal qu’ils n’étaient pas au courant de cette partie de sa vie. Encore cette semaine, en rencontre avec notre journaliste, elle admet que le traitement du journal à son égard l’a parfois blessée, elle ou encore un membre de sa famille. En tant que journaliste, je peux toujours me réfugier derrière le fait que c’est la nature de la job de critiquer. Mais reste qu’on ne fait pas ce métier pour rabaisser les autres (en tout cas, pas notre équipe). Ça n’empêchera pas de remettre en question certaines décisions ou de laisser les opposants s’exprimer, au contraire. Mais ces articles permettent, je l’espère, de nous rappeler qu’il y a des humains derrière les décisions. Des décisions qui, même si elles ne font pas notre affaire, viennent rarement de nulle part.

Bon, le petit moment sentimental est terminé. Les élus et Northvolt ont droit à une pause cette semaine. Mais dans la prochaine édition, c’est business as usual. Les budgets municipaux s’en viennent et les milieux humides ne se conserveront pas tout seuls.

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