14 juin 2023 - 07:00
Une première brèche
Par: Vincent Guilbault
Vincent Guilbault

Vincent Guilbault

Devant des plaintes répétées de résidents, la Ville de Québec a mis fin au projet pilote du parc à chiens dans un de ses parcs, l’année dernière. Les 16 citoyens vivant à proximité de ce parc avaient exprimé leur mécontentement quant au bruit causé par les aboiements des chiens. Aussi, avec l’avènement du télétravail, les plaintifs soulevaient que le bruit et l’augmentation du nombre de voitures dans le secteur constituaient une nuisance. En réponse, le maire de Québec, Bruno Marchand, avait annoncé l’arrêt du projet, tout en soulignant qu’il fallait trouver des sites pour ces parcs qui sont éloignés des résidences.

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Un peu l’inverse de ce qu’avait fait Belœil en fermant son parc canin dans le quartier industriel pour le déménager sur la rue Radisson, après un sondage que j’ai toujours trouvé douteux. Nous avions sondé tout le monde, sauf les résidents du secteur touché.

Le parc n’était pas encore construit que son existence même troublait le quartier. Depuis son ouverture, en 2020, la quiétude du quartier s’impose dans l’ordre du jour du nouveau conseil municipal qui a un peu hérité de cette patate chaude. Bon, notons que le conseil municipal a toujours maintenu que le parc était là pour rester. La mairesse Nadine Viau se faisait une alliée des utilisateurs, elle qui en faisait partie avant son élection. « Le constat que l’on fait est que le parc répond à un besoin des citoyens. […] L’emplacement du parc n’est pas remis en cause et son déménagement n’est pas une option » disait-elle en août dernier.

On pouvait y croire. Après l’échec du résident et avocat Jean Caumartin à bloquer la construction du parc et à le faire fermer par la voie des tribunaux, on pouvait croire la Ville bien ferme dans sa position. Certes, il y avait eu une brèche : la Ville a dû remettre à M. Caumartin un montant de 5000 $ à la suite d’une entente à l’amiable. Bon, nous sommes loin du 145 000 $ qu’il exigeait pour les désagréments, mais il fallait noter deux points. D’abord, l’homme avait déménagé et quitté le quartier, donc difficile de plaider les désagréments au quotidien. Puis, rien n’indique que le montant n’aurait pas pu être plus élevé s’il avait poussé le processus plus loin. Nous ne le saurons jamais.

Mais les colonnes du temple semblent avoir été fragilisées. Le ton de la mairesse a changé, durcit, comme le rapporte notre collègue qui a assisté à cette rencontre entre l’élue et les utilisateurs du parc. On ne menace pas de fermer le parc directement, mais on comprend que les opposants, qu’on décrit plus nuancés qu’on l’avouait, vivent de réels irritants avec le bruit.

Et cette reconnaissance peut donner des munitions aux opposants. Comme je le mentionnais d’entrée de jeu, 16 citoyens ont fait fermer un parc de Québec. Car c’est bien la première fois ici que l’on reconnaît leur inconfort. Du moins, publiquement.

Tout ça semble reposer maintenant sur le dos des utilisateurs qui se retrouvent peut-être pour la première fois avec le fardeau de la preuve sur les épaules, celui de montrer leur bonne foi et leur collaboration. Je suis persuadé qu’ils sont pour la majorité respectueux, mais ça prend seulement quelques éléments perturbateurs pour entretenir la réputation d’un endroit bruyant.

Reste que j’ai ce petit sentiment que le dossier n’est pas clos. Même avec un appel au calme et au changement, les vieilles habitudes finissent par ressortir et je pense qu’il n’est pas si loin le moment où le dossier reviendra sur la table.

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