La première rencontre visait notamment la sélection des six citoyens représentants de McMasterville, de Saint-Basile-le-Grand et de la région qui s’ajouteront déjà au 14 membres du comité composé principalement d’élus et de fonctionnaires municipaux, de représentants de l’entreprise, de deux groupes citoyens et de représentants de différents groupe comme le COVABAR ou les chambres de commerces de la région. Selon Northvolt, cette plateforme « permettra de mettre la communauté au cœur du projet et d’assurer le suivi des activités de construction et d’opération de Northvolt Six ».
Les trois objectifs principaux du comité de liaison sont de permettre un lieu d’échange et de dialogue, de transmettre des informations pertinentes à la population et de permettre à l’entreprise d’améliorer son projet.
Les six citoyens ont été choisis lors de la première rencontre. Soulignons que 98 citoyens avaient déposé leur candidature pour faire partie du comité.
Bémol
Jacinthe Villeneuve, représentante du groupe Comité action citoyenne, qui siège au comité de liaison, a souligné qu’une présélection de 18 candidats, sur les 98 qui avaient soumis leur candidature, avait été réalisée par une modératrice indépendante. C’est parmi ces 18 dossiers que devaient se pencher les membres du comité de liaison pour sélectionner les six candidats citoyens. Selon Mme Villeneuve, la présélection « n’était pas totalement neutre », puisque les profils choisis semblaient donner l’impression de favoriser des gens enthousiastes au projet. En entrevue avec L’Œil Régional, Mme Villeneuve a aussi déploré la présence au comité de beaucoup de gens qui ont surtout à cœur les retombées économiques de la venue de l’usine, et non les impacts environnementaux. Aussi, à part elle et Mylène Courval, de Mères aux Front, le citoyen moyen n’est pas suffisamment représenté. Elle souhaite que les six citoyens choisis offriront toutefois un contrepoids.
Trois demandes refusées
Dans une rencontre qui a précédé la tenue du comité de liaison, le Comité action citoyenne (CAC) a effectué trois demandes à Philippe Michaud, gestionnaire des relations avec les communautés de Northvolt. Les trois demandes ont été refusées.
Le CAC a d’abord demandé que Northvolt procède dès maintenant à la compensation des milieux humides détruits et au reboisement promis avant toute nouvelle destruction. « Un arbre a un impact dès maintenant sur le CO2; le service que rend un arbre a une valeur économique et écologique et dès qu’on le coupe, on se prive de ça », explique Ariane Labonté, membre du Comité action citoyenne. « C’est aussi un aspect de confiance; Northvolt a sorti la grosse artillerie pour creuser, [alors on l’invite] à se montrer aussi généreux dans le reboisement pour une question de confiance. »
Par voie de communiqué, la porte-parole de Northvolt, Emmanuelle Rouillard-Moreau, a rappelé que l’entreprise a « déjà acquitté une compensation de 4,75 M$ au fonds de compensation en charge de la conservation et de la création de milieux humides » géré par le ministère de l’Environnement. « Quant à notre impact sur les milieux naturels, nous avons pris l’engagement de compenser notre impact par la création, restauration ou/et conservation d’un milieu naturel de 30 à 50 hectares. Nous sommes en train d’identifier ce lieu. Ensuite, quant aux arbres, nous avons pris l’engagement de replanter chaque arbre vivant coupé dans un ratio de 2,5 arbres. »
Le CAC a aussi demandé à mandater une firme externe pour effectuer des analyses de sol, d’eau et des inspections indépendantes. Le Comité aimerait obtenir du financement, notamment de l’entreprise, pour pouvoir réaliser ses propres évaluations environnementales, ses propres inspections et possiblement dresser son propre inventaire des espèces, même si l’entreprise engage elle-même des inspecteurs. « Cette proposition n’a pas été retenue, mais nous nous assurerons qu’un représentant de la firme mandatée par Northvolt vient présenter les détails des analyses dans le cadre du comité de liaison, présente la méthodologie d’échantillonnage et répond aux questions des membres », a souligné Mme Rouillard-Moreau.
Finalement, le CAC a demandé de voir la demande d’autorisation déposée au ministère le 22 décembre 2023 et de consulter les plans des phases 2 et 3. Concernant la demande d’autorisation, Northvolt répond qu’elle sera rendue publique sur [son] site web au moment de l’autorisation. « Notre engagement est de déposer les documents sur le site web lors de l’autorisation. Ceci s’explique par le fait que le dépôt officiel des demandes ne constitue pas la fin du processus, mais le début d’échanges supplémentaires ou de demandes d’informations complémentaires qui viennent bonifier la demande jusqu’à son acceptation officielle. »
Pour Mme Labonté, il est difficile de connaître la véritable ampleur du projet, la taille des bâtiments, leur emplacement et l’utilisation de l’eau du Richelieu puisque tous les documents sont déposés au compte-gouttes. Selon elle, toutes ces autorisations auraient été accessibles au public si le projet de Northvolt avait été soumis à une audience du BAPE, ce qui n’est pas le cas pour la première phase du projet.