En entrevue, le violoniste et chanteur Olivier Demers précise que c’est la rencontre avec Robert Deveaux, véritable gardien de la tradition acadienne, qui a motivé l’enregistrement de l’album. « Robert Deveaux n’est pas un musicien professionnel et il n’avait jamais enregistré d’album. On a eu l’opportunité d’enregistrer quelque chose avec lui pendant une session de quatre jours. » Cette belle « rencontre entre le Québec et l’Acadie » a permis de mettre de l’avant du répertoire acadien, dont certaines chansons datant de quelques centaines d’années.
Art populaire a été enregistré cet hiver dans la chapelle Sainte-Cécile de Calixa-Lavallée. « C’est une toute petite chapelle laïque, dans laquelle on jouait en face des autres. Là-bas, on était entourés du savoir populaire sous forme d’artisanat. On a réalisé que c’était aussi ce qu’on faisait, mais sous forme de musique, d’où notre choix du titre d’album », poursuit Olivier Demers. Cela explique aussi selon lui l’image de la pochette de l’album.
Une seule grande famille
L’album se veut épuré dans son style : on y entend essentiellement trois voix, deux violons et une vielle à roue, avec quelques exceptions au fil de l’opus de 11 titres. Cette instrumentation crue vient montrer les nombreuses similitudes entre les musiques trad acadienne et québécoise. « Le Québec et l’Acadie, c’est une seule et grande famille et on a beaucoup de répertoire partagé avec quelques variations, remarque Olivier Demers. Il y a quelque chose qui nous unit toujours même s’il y a eu assez peu de rencontres entre l’Acadie et le Québec. »
Il ne se sent pas du tout gêné de reprendre le répertoire de l’Acadie « avec amour et passion » même s’il ne partage pas ces racines. « La question de l’appropriation culturelle est une honte à l’intelligence. Nous-mêmes, au Québec, on a puisé des influences de l’Irlande, de l’Écosse, de l’Angleterre et on continuera de se faire influencer par les immigrants qui s’installent ici. On est sereins de jouer ce beau répertoire et on a hâte que les gens écoutent l’album! Ce qu’on veut à travers notre musique, c’est semer de la beauté, du partage et des idées; ensuite ce sera aux gens de décider du parcours qu’aura l’album. »
Lancement à Chants de Vielles
Le public aura justement l’occasion d’écouter l’album à compter du 30 juin. Le lendemain, le « duo à trois » sera sur scène à Chants de Vielles pour jouer les chansons de l’album de façon presque intégrale. Aux trois musiciens s’ajouteront quelques invités, soit David Brunelle, qui joue de l’harmonica sur une chanson, et Claude Méthé, qui s’invitera le temps d’une pièce, comme lui permet son titre de « chevreuil » de cette édition de Chants de Vielles. « Il y a une clientèle pour une musique trad plus crue, authentique, par rapport aux arrangements plus modernes du Vent du Nord par exemple. Je crois que cette musique pourra plaire aux amateurs de trad plus hardcore », analyse Olivier Demers.
Le concert de lancement de l’album Art populaire est prévu le samedi 1er juillet, à 16 h, à l’église Saint-Antoine-de-Padoue à Saint-Antoine-sur-Richelieu, dans le cadre du festival Chants de Vielles.