«C’est un gros deuil qu’on vit avec les filles. C’est un travail qui peut paraître insignifiant vendre des vêtements parce qu’il y en a partout, mais ici, c’était vraiment l’accueil, l’esprit de vivre ensemble qui était important», lance la propriétaire de la Boutique, Hélène Arsenault.
L’entreprise amorcera sa vente de fermeture jeudi. Mme Arsenault estime que le commerce devrait fermer boutique définitivement vers le mois d’août. Ses premières pensées sont pour sa vingtaine d’employés qui se retrouveront sans travail.
Certains y bossaient depuis plus de 30 ans voire même 40 ans. «Ils ont été tellement fidèles avec nous que je trouve ça dur de les laisser tomber», lance Mme Arsenault.
Vocation commerciale en zone industrielle
Bien qu’il soit situé en zone industrielle, l’entreprise pouvait tout de même continuer ses activités de nature commerciales étant donné son droit acquis. Mais son droit acquis n’est pas transférable à un futur acheteur selon la ville de Mont-Saint-Hilaire.
Résultat, Mme Arsenault ne peut que vendre sa bâtisse à un acheteur qui souhaiterait lui donner une vocation industrielle.
Elle avait même entrepris des démarches avec un avocat. «Il nous a dit que ce serait très long et compliqué de se battre et que nous avions peu de chances de gagner. Il faut dire que j’ai 70 ans et je vais prendre ma retraite. Je n’ai plus l’énergie des batailles.»
Changement au plan d’aménagement
Le maire de Mont-Saint-Hilaire, Yves Corriveau, confirme qu’advenant un changement de propriétaire, le commerce ne pourrait continuer à vendre des vêtements sans y tenir d’opérations de fabrication. «La personne qui l’achète ne pourrait pas continuer le commerce comme il est actuellement, c’est impossible», explique-t-il.
Mme Arsenault ou le prochain acheteur pourraient demander un changement de zonage. La décision appartiendrait également à la MRC Vallée-du-Richelieu étant donné qu’une telle modification entraînerait un changement aux plans d’aménagement de la ville et de la MRC. «Ce sont des sujets délicats quand on arrive à la municipalité et à la MRC parce qu’on veut protéger les zones. À la limite, si on voulait demander un changement, les chances de réussite seraient plutôt faibles. Y aurait-il une sensibilité afin de sauver des emplois? Nous sommes rendus là dans la démarche», dit-il.
Longue histoire d’amour
Mme Arsenault s’est joint à l’équipe en 1987. Mère de cinq enfants en bas âge, elle était d’abord enseignante puis infirmière avant de se lancer dans la vente de vêtements. «C’est là que mon frère m’a dit pourquoi tu ne viens pas nous aider? Je lui ai répondu que je n’avais aucun atome crochu, que le commerce ne me disait rien, dit-elle. Je lui ai dit que j’irais voir, mais que je ne pensais vraiment pas aimer ça.»
Pas moins de 27 ans plus tard, elle qualifie le temps passé à la boutique de «pur bonheur», particulièrement en raison de ses employés. Elle croit d’ailleurs que c’est l’esprit d’accueil qui régnait au magasin qui a permis à la boutique de continuer à voguer seule à l’aire des grandes chaînes. «La plus belle communauté que j’ai connue dans ma vie, c’est le magasin.»
Vague de soutien
L’annonce de la fermeture du magasin du chemin Rouillard a fait réagir beaucoup de clients du commerce. Sur les réseaux sociaux, plusieurs ont tenu à exprimer leur soutien à l’équipe et d’autres n’ont pas manqué de souligner leur déception envers la ville de Mont-Saint-Hilaire.
«J’aimerais vous dire en premier lieu que je trouve dommage qu’une belle équipe se retrouve maintenant sans emploi dû à un problème de zonage surtout après 40 ans d’opération», a commenté Sylvie.
«C’est vraiment très dommage cette fermeture surtout quand on sait que ce magasin compte des employés dévoués, passionnés, travaillants et professionnels qui se donnent corps et âme pour offrir un service à la clientèle hors pair», a pour sa part souligné Lysanne.