Les deux camps ont signé et publié conjointement un communiqué le 23 décembre pour indiquer que les pourparlers des dernières semaines avaient mené à certaines avancées et qu’ils souhaitent assurer la pérennité de l’organisme du musée. La Municipalité se montre d’ailleurs ouverte à prolonger le bail jusqu’en février 2025, si nécessaire, afin de pouvoir conclure les négociations positivement. La date d’échéance initiale du bail est le 31 décembre, soit dans quelques jours.
« Nous sommes heureux de nos derniers échanges avec les administrateurs de La Maison autochtone. Nos politiques de reconnaissance, de soutien financier et de reddition de comptes aux organismes nous ont permis de nous appuyer sur des critères concrets pour poursuivre nos discussions avec le conseil d’administration. Nous souhaitons nous assurer d’appuyer des organismes engagés dans une gouvernance saine, conformément aux ententes prises avec la Ville et pour une gestion responsable du denier public », mentionne le maire de Mont-Saint-Hilaire, Marc-André Guertin.
De son côté, le président du conseil d’administration du musée, Alain O’Bomsawin, de la nation Abénakis, souligne que les discussions lui ont permis de mieux s’expliquer avec la Ville. « Il était nécessaire de prendre le temps de bien comprendre l’ensemble du dossier et de discuter avec mes pairs et les dirigeants de la Ville de Mont-Saint-Hilaire pour établir des balises claires, répondant aux attentes des deux parties. Notre désir est de poursuivre cette collaboration sur des bases solides, permettant à La Maison autochtone de maintenir sa mission de mieux faire connaître les Premières Nations dans les locaux actuels de l’organisme. »
Pressions de la Ville
La Maison autochtone et la Ville étaient dans une impasse depuis des mois. Le bail avait été reconduit tacitement en début d’année alors qu’on avait échoué à s’entendre. La Ville avait déposé des offres aux décideurs du musée, que ces derniers ont refusées. Au début du mois de novembre, le maire Marc-André Guertin a publiquement indiqué que la Ville allait reconsidérer sa relation avec l’organisme si une nouvelle entente n’était pas signée. Cette sortie publique semble effectivement avoir porté fruit.
Notons que l’artiste et fondateur du musée, André Michel, a décidé depuis le début novembre de multiplier les critiques à l’endroit de la Ville. Au dernier conseil municipal, il a dit que la Municipalité faisait de la discrimination en n’offrant pas les mêmes conditions que celles du Musée des beaux-arts. M. Michel parle toutefois en son nom personnel, puisqu’il n’est pas mandaté par La Maison autochtone pour prendre part aux discussions à ce sujet.
Le vice-président actuel et ancien président de La Maison autochtone, Richard Ruest, de la nation Wolastoqiyik Wahsipekuk, a déploré les plus récentes allusions de discrimination et de racisme, sans toutefois nommer directement M. Michel. « Dans le langage de certaines personnes autour de La Maison autochtone, on dit qu’il y a le musée “rouge” et le musée “blanc”. Nous ne partageons pas ce langage. Pour nous, c’est un langage de division. La Maison autochtone est là pour faire la différence avec les arts visuels, les arts de la scène, sculpteurs, peintres, et nos artisans de toutes les nations sont les bienvenus », a déclaré M. Ruest à L’Œil Régional.
Un ancien candidat s’en mêle
Hugo Gendron, un ancien candidat à un poste de conseiller municipal aux deux dernières élections, a décidé de se mêler du dossier. Quelques jours avant l’envoi du communiqué de la Municipalité, M. Gendron a envoyé une missive à L’Œil Régional pour informer que lui et d’autres citoyens avaient formé un petit groupe pour faire circuler une pétition. Cette dernière réclame, entre autres, de nommer un médiateur pour régler la situation. Notons toutefois que le groupe n’a toutefois pas voulu envoyer le texte de la pétition au journaliste.
Le groupe avance avoir l’intention d’envoyer la pétition au ministère des Affaires municipales ainsi qu’à Ian Lafrenière, ministre responsable des Relations avec les Premières Nations et les Inuits. Ce n’est pas la première fois qu’Hugo Gendron sort sur la place publique pour prendre position dans un dossier. Il avait pris le rôle de porte-parole du regroupement informel La Voix des citoyens, opposé au projet de développement mixte qui proposait la venue du IGA Pepin sur la rue Saint-Georges. Ce projet a finalement avorté.
« Mon gars a eu l’occasion d’aller visiter le musée. J’ai assisté moi-même à de nombreux événements. La Maison autochtone est un lieu rassembleur qui donne beaucoup de cachet à Mont-Saint-Hilaire », a souligné Hugo Gendron.