La phobie de Julie s’accompagne souvent de symptômes physiques liés à l’anxiété, ce qui la rend difficile à vivre. «C’est peur d’avoir peur, peur qu’il arrive quelque chose. Ça m’a pris des années avant que je prenne le métro, l’autobus», dit-elle.
Mme Tansey est l’une des cinq Canadiens qui ont choisi de partager leur expérience à travers la campagne Les visages de la maladie mentale de l’Alliance canadienne pour la maladie mentale et la santé mentale. Campagne pour laquelle elle a sillonné le pays pour raconter son histoire et qui l’a même amenée jusqu’à l’Assemblée nationale. L’expérience s’est avérée très positive jusqu’à maintenant.
«Ça a été la meilleure expérience et thérapie de toute ma vie; ça m’a vraiment transformée. Je suis à l’aise de répondre et de dire ce que j’ai à dire», résume Mme Tansey.
Mme Tansey croit qu’il est important de parler de la maladie mentale afin de briser l’isolement des personnes touchées diminuer les préjugés. Les services en maladie mentale ne sont d’ailleurs pas suffisants, croit-elle. Pour une évaluation psychiatrique, l’attente se prolonge au-delà d’un an. «Quand tu ne <I>feel<I> pas, tu ne peux pas attendre un an. Souvent, les gens ne se rendront pas jusque-là ou ils vont se ramasser dans le trouble. Il y a plein de dommages qui se font pendant ce temps-là.»
Incapable de sortir de sa chambre
Mme Tansey a été diagnostiquée d’un trouble panique avec agoraphobie à l’âge de 14 ans. «J’ai commencé à avoir des maux d’estomacs, des maux de tête, je ne me sentais pas bien. Je manquais de plus en plus d’écoles. Dès que je sortais de chez moi, je ne me sentais pas bien. Jusqu’à ce que je ne puisse plus sortir de ma chambre.»
La maladie l’a éventuellement conduite jusqu’à l’hospitalisation et la médication quotidienne. Les préjugés liés à la maladie et l’inaccessibilité des services ont grandement compliqué son parcours. Elle avoue avoir déjà même été jusqu’à s’automutiler pour avoir accès à un médecin. «J’avais besoin que ça paraisse, que les bobos soient vrais. Quand les services ne sont pas accessibles, tu es en mode survie.»
Vivre avec la maladie
Au fil des ans, Julie aura fait face à 35 déménagements, fréquenté huit écoles différentes et cumulé les emplois. Elle aura malgré tout réussi à terminer ses études à temps et s’implique aujourd’hui au sein de plusieurs organismes à but non lucratif en plus de donner des conférences en santé mentale. Elle siège notamment sur la Table de concertation en santé mentale de Longueuil et le Centre des Femmes du Haut-Richelieu.
Mme Tansey considère qu’elle a réussi à s’en sortir, notamment grâce à l’aide qu’elle a reçue en cognant à différentes portes et à son attitude positive. Elle n’est toutefois pas prête à dire qu’elle s’est sortie de la maladie. «Je considère que je vis avec. À travers tout ça, tu peux traiter des symptômes, gérer tes émotions, mais à cause de tout ça, j’ai fait faillite, j’ai perdu des logements. Il y a des conséquences qui sont moins faciles à réparer.»