23 décembre 2016 - 00:00
Vivre de la calligraphie à l’ère de l’informatique
Par: Karine Guillet
Luc Saucier dans son atelier de calligraphie.

Luc Saucier dans son atelier de calligraphie.

PORTRAIT. Luc Saucier fait de l’art de bien écrire son gagne-pain depuis près de 30 ans. Portrait d’un métier traditionnel que bien peu de personnes exercent au Québec.

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Plus jeune, Luc Saucier finissait toujours ses exercices d’écriture plus tard que ses collègues de classe. Musicien de formation, il a cependant renoué avec le plaisir de la calligraphie à 21 ans. «J’ai acheté mon premier livre de calligraphie et là, l’allumage s’est produit. Je me suis dit. Je veux faire ça toute ma vie», se rappelle-t-il.

Le résident de Mont-Saint-Hilaire a appris son art de lui-même. Dans sa maison de la montée des Trente, il complète toutes sortes de contrats pour des particuliers, des organismes gouvernementaux, des municipalités et des écoles (notamment pour les diplômes). Depuis quelques années,  il collabore également avec l’association artistique Mu pour la création de murales.

Il fait d’ailleurs partie des calligraphes travaillant avec le Héraut d’armes du Canada, chargé de faire reconnaître les armoiries. Ses œuvres sont aussi apparues dans quelques productions cinématographiques. 

La beauté de la lenteur

C’est d’abord la beauté, la lenteur et le silence de cette discipline qui ont séduit l’artiste. La création de documents calligraphiés peut prendre d’une journée à un mois selon la grosseur de la commande.

Avant de réaliser un document, le calligraphe dessine le plus souvent un brouillon. Il doit également se créer un gabarit, afin de s’assurer que la maquette soit bien balancée, et tracer le lignage. En cas d’erreur, exit le ruban correcteur! Le calligraphe doit effacer sa lettre à l’aide d’un petit exacto avant d’aplanir la surface de nouveau.

Pour être un bon calligraphe, il faut apprendre le bâti des lettres latines et observer certaines lois précises. Il s’agit aussi d’un art qui demande de longs moments de pratique afin d’être maîtrisé.

«Lorsqu’on est calligraphe et qu’on commence à les travailler, ce ne sont pas les 26 lettres qui deviennent chum tout de suite. Il y en a des plus difficiles que d’autres.»

Se souvenir

Au-delà de l’écriture elle-même, la calligraphie exige aussi une recherche de détails; il faut s’adapter à l’événement, le destinataire, le style et les couleurs recherchés par le client. Certaines commandes peuvent aussi nécessiter une recherche historique, puisque certains styles ont leurs racines dans une époque particulière.

Cette longue tradition historique est d’ailleurs en train de se perdre. «Toutes les polices d’imprimantes ont leurs racines dans les styles manuscrits qui ont essaimé au moyen-âge et à la [période] romantique. On ne s’intéresse plus à l’histoire, on perd la mémoire. Et ça, c’est regrettable. »

Les plus difficiles

Parmi les lettres difficiles, Luc Saucier cite le S, le M et le O en majuscules en raison du défi d’équilibre qu’elles posent. Il note d’ailleurs que les majuscules sont en général plus difficiles à réaliser que les minuscules parce que chaque lettre a ses règles de constitution.   

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