Parfois oui. Prenez Le Devoir qui, en août dernier, par de la plume de Jean-François Nadeau, a été un des premiers à parler de Belœil qui voulait protéger 55 bâtiments patrimoniaux. Le Devoir a publié un seul texte pour vanter l’administration municipale. Pourtant, en décembre, nous apprenions que seulement 15 maisons avaient opté pour la citation et que la Ville avait décidé de modifier son règlement. Nous en avons parlé, bien sûr, c’était notre travail de discuter avec tous les acteurs impliqués dans le dossier.
Le Devoir est resté silencieux. C’est en fait souvent comme ça lorsque les médias nationaux s’intéressent à l’actualité régionale; on parle du sujet une ou deux fois et on n’y revient jamais.
Au moins, le travail initial était impeccable. Ça m’amène à ma dernière chronique sur le statut bilingue, publiée la semaine dernière dans L’ŒIL. Avant tout, je dois spécifier que si je me suis prononcé en faveur du maintien du statut bilingue à Otterburn Park, il est tout à fait légitime d’être contre cette idée. Mais je pense que le débat doit se faire dans le respect.
Comme plusieurs chroniqueurs se sont mis à mentionner Otterburn Park tout d’un coup dans leur chronique, je me suis imposé une bonne séance de lecture.
Même chose encore. Un survol de notre réalité, certes, mais encore pire. Aucun intérêt à se questionner sur notre réalité locale. Je ne vous résume pas les chroniques, mais j’ai lu celles de Richard Martineau et de Joseph Facal et j’ai été abasourdi. Ils ont seulement réagi, sans se poser de questions, en traitant tout le monde de tatas. Ils ont pris la ville d’Otterburn Park en exemple seulement en raison du faible pourcentage d’anglophones de 7,2 %.
M. Martineau se demande pourquoi les conseils municipaux, composés de francophones, ont décidé de garder le statut bilingue. En fait, il ne pose pas la question, il y répond lui-même en traitant nos élus de gens « trop gentils » en prenant un ton d’arriéré. Je vous épargne les mots de son invité Gilles Proulx, mais disons que son ton encore plus enfantin. Et ce, sans argument. Et probablement sans pouvoir situer la municipalité sur une carte.
C’est déprimant à quel point ces chroniqueurs peuvent parler de sujets sans les approfondir. Je m’en rends souvent compte, surtout lorsque j’ai eu la chance d’écrire sur le même sujet; ce qui m’a demandé de me déplacer à une séance municipale et à faire trois entrevues. C’est énormément fâchant de voir deux ou trois chroniqueurs remâcher de vieux arguments faciles et sans réflexion sans travailler.
En fait, c’est tellement facile que même ChatGPT, cet outil web conversationnel qui fait fureur en ce moment, peut faire aussi bien. Je lui ai demandé de m’écrire une chronique dans le style de Richard Martineau qui se fâche contre le statut bilingue d’Otterburn Park.
Voici un extrait : « Je suis absolument révolté par le statut bilingue d’Otterburn Park. Comment est-il possible [que] nous soyons encore obligés de subir les diktats d’une minorité linguistique qui n’a même pas la décence de maîtriser la langue officielle de notre pays? C’est une honte et une insulte à notre identité nationale! Il est temps de rappeler que le Québec est un pays francophone, et que nous devons défendre notre langue et notre culture bec et ongle contre toute velléité de colonisation linguistique. »
Je ne sais pas trop quoi penser de tout ça. Mais si un robot peut pondre la même chronique que toi, soit le robot est trop fort, soit tu n’as pas fait plus d’effort que ça.