« L’étincelle » de ce nouveau projet vient du visionnement du documentaire Art on Fire de Gerald Fox, qui parle du fameux événement annuel Burning Man. « Ça faisait quelques années que j’étais en quête d’un nouveau projet. Quand j’ai vu le documentaire pendant la pandémie, j’ai eu une révélation et j’ai su que je devais faire quelque chose à partir de ça », raconte Yvan Belleau, voulant créer un album sur le vaste thème de la transformation. Quant au titre, il vient d’une réflexion autour de la clarinette, un instrument qui « quintoie », et aussi de la quinte qui est la fondation d’un accord, l’amenant à penser à la quintessence et au cinquième élément, l’éther. De plus, l’album a été enregistré avec cinq musiciens, cimentant la pertinence du titre Quintissime.
Le choix de la clarinette pour ce nouvel album n’est pas anodin, reconnaît Yvan Belleau. « La clarinette est un instrument assez introspectif, qui est très utilisé dans la musique classique, mais qui n’est plus à l’avant-plan dans le jazz. Elle a été populaire dans la période swing, et il y a eu Buddy DeFranco pendant l’ère bebop, puis le saxophone a pris toute la place. Ce n’est pas un instrument facile à jouer et qui n’a pas énormément de volume, mais je fais du jazz de création dans lequel la clarinette trouve sa place », soutient-il.
Sa formation classique lui a d’ailleurs été bien utile dans l’élaboration de cet album, auquel il a voulu donner une sonorité bien particulière, entouré des talentueux Norman Lachapelle (basse), Guillaume Martineau (piano), Yvon Plouffe (batterie) et Sylvain Provost (guitare). Il décrit sa nouvelle musique comme étant à cheval entre la musique impressionniste de Debussy, avec des compositions plutôt modales, et les sonorités plus nordiques entendues en Scandinavie par exemple. « J’ai enregistré mon premier album avec Norman et Sylvain, qui ont aussi un duo ensemble. Je tenais à les réinviter pour Quintissime. Ils ont leur propre langage, une québécitude dans leur son, et je trouve qu’on va dans la même direction. […] Et Guillaume est un excellent pianiste, il a aussi eu une formation classique avant de se diriger vers le jazz, alors c’est un peu le même parcours que moi. » Quant à Yvon Plouffe, le clarinettiste le décrit comme un « drummer léger », capable de jouer en nuances et de laisser la place aux autres instruments.
Autre complice d’Yvan Belleau, son frère Michel Belleau est celui qui est derrière l’image sur la pochette de l’album. Il s’agit en fait d’un détail sur une de ses vieilles peintures, mais qui correspondait parfaitement à l’énergie et l’esthétique de l’album.
Même si le résultat de Quintissime est plutôt facile à écouter, avec des moments oniriques et d’autres plus dansants, l’enregistrement s’est avéré tout un défi de par la structure éclatée des compositions. Inspiré par un grand du jazz, Wayne Shorter, Yvan Belleau a voulu enregistrer des chansons où les frontières sont brouillées entre le thème et les improvisations.
Yvan Belleau souhaite que cet opus soit apprécié par un large public, et pas seulement les connaisseurs du jazz, mais il espère surtout que son album parvienne à faire rayonner la clarinette et incite de jeunes musiciens à l’adopter dans le jazz. « C’est fondamental pour moi de promouvoir cet instrument et de le ramener à l’avant-plan. Ça a longtemps été un instrument négligé dans le jazz et j’espère que des gens prendront la relève », lance-t-il.
L’album Quintissime est vendu en format physique pendant les spectacles, mais il est aussi disponible sur les plateformes d’écoute en ligne comme Spotify ou Bandcamp.
Spectacle à Pointe-Valaine
Après le lancement de l’album au Dièse Onze, à Montréal, c’est au Centre culturel et communautaire de la Pointe-Valaine, à Otterburn Park, que Quintissime sera défendu sur scène pour la première fois, avec les quatre musiciens qui y ont participé. Le vendredi 6 octobre, le clarinettiste y présentera les pièces de l’album, mais aussi quelques autres pièces tirées de son répertoire pour s’assurer que le spectacle soit le plus accessible possible. « Même quelqu’un de novice en jazz aura son bonbon », assure le jazzman.
Fort d’une longue carrière d’enseignant, notamment à l’école secondaire Ozias-Leduc, Yvan Belleau espère voir quelques-uns des collègues et élèves qui l’ont côtoyé au fil des années. Le spectacle a lieu à 20 h. Billets à l’adresse pointevalaine.ca.