Je comprends que les propriétaires des terrains de ce secteur, qui borde le chemin de la Montagne à Mont-Saint-Hilaire, militent pour du développement résidentiel. Surtout, je comprends aussi les résidents du secteur qui veulent maintenir leur tranquillité et préserver le cachet des lieux. Je comprends leur peur de voir débarquer des condos et de nombreuses voitures. Surtout dans un secteur qui peut être déjà dense au niveau de l’automobile et éloigné des principaux axes routiers. Et je ne parle même pas de la saison des pommes! Je comprends aussi les gens à la fibre environnementaliste qui veulent préserver les boisés.
Les différents intervenants impliqués dans ce dossier n’apprendront rien ici en lisant mon texte. Et je n’ai pas l’intention de revenir sur l’historique. Je veux surtout prendre quelques lignes pour souligner la situation hasardeuse dans laquelle se trouve le nouveau conseil municipal de Mont-Saint-Hilaire. La Cour d’appel exige que la Ville dépose un cadre réglementaire pour le secteur d’ici le 11 août; en temps municipal, il est minuit moins une.
Et pourquoi est-ce si compliqué? D’abord, le PMAD, soit le Plan métropolitain d’aménagement et de développement. Cet outil a été conçu par les 82 municipalités comprises dans la grande région de Montréal, ce qu’on appelle la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM). C’est dans cet outil que la CMM a statué que les futures constructions résidentielles devraient être plus denses dans la grande région, pour des questions de développement durable et d’optimisation de l’espace. Donc, quand vous trouvez que tout ce qui pousse dans la région, ce sont des tours à condos, bien dites-vous que ça découle de ce document. C’est pourquoi les propriétaires de terrains dans la zone A-16 veulent bâtir en respectant ces seuils (et aussi, parce que c’est quand même plus payant de densifier). Et à l’heure où on se parle, les seuils de densité établis par la MRC de La Vallée-du-Richelieu, jusqu’en 2031, sont de 21 logements par hectare de terrain.
D’ailleurs, les propriétaires de terrain ont entrepris des moyens légaux devant les tribunaux pour faire valoir ce droit,et, si je résume grossièrement, disons que les tribunaux sont plutôt favorables à leur cause.
Donc, si on veut éviter ce développement, il faudrait que la MRC de La Vallée-du-Richelieu accepte de doter de la zone A-16 d’un statut particulier, qui permettrait à Mont-Saint-Hilaire de contourner les seuils de densité actuels. C’est la prétention de l’Association des citoyens de Mont-Saint-Hilaire (ACMSH), qui a d’ailleurs lancé une pétition signée par plus de 1600 personnes, qui demande aux élus de Mont-Saint-Hilaire d’exiger ce statut particulier.
L’ACMSH craint aussi la perte de boisé et de tranquillité, le débordement de la circulation dans les autres rues de la ville et la défiguration du secteur. Difficile de ne pas leur donner raison, au moins en partie.
Les nouveaux élus se retrouvent donc avec une énorme décision à prendre. Ils doivent accoucher d’un cadre réglementaire qui changera la face même du pourtour de la montagne. Et même si ça peut sembler être un débat qui concerne seulement les résidents du secteur, ça nous affecte directement un peu tous.
Et si le maire Marc-André Guertin ne pense pas pouvoir empêcher le développement, il tente de se faire rassurant dans nos pages en mentionnant que les boisés seront protégés et que le secteur gardera son caractère distinctif. Pour l’instant, c’est tout ce que nous avons à nous mettre sous la dent.