8 juin 2022 - 07:00
La vieille politique
Par: Vincent Guilbault
Vincent Guilbault

Vincent Guilbault

Je comprends la frustration de la mairesse de Belœil Nadine Viau. Lorsque je parle aux gens, on me dit qu’elle a une belle ambition et de bonnes intentions. Elle a réussi aussi à s’entourer d’une belle équipe avec ses propositions. Elle a clairement du flair politique et du charisme.

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Il peut donc être frustrant, comme elle et son candidat Marco Bérubé le disent, d’ouvrir le journal et de voir du négatif concernant leur campagne électorale pour la partielle.

En entrevue, Mme Viau souligne avoir beaucoup de plaisir avec son équipe et elle prétend que ce plaisir devrait être contagieux auprès des autres élus, au-delà de la partisanerie. Que les citoyens, lors du porte-à-porte, se disent « tannés de la chicane et de la vieille politique ». Mais pourtant, ça sent toujours un peu la chicane au conseil municipal.

Je suis d’accord avec Mme Viau. Mais j’y vois de la fausse naïveté.

Mme Viau, comme le maire Marc-André Guertin (Mont-Saint-Hilaire) et la mairesse Mélanie Villeneuve (Otterburn Park), a mené une campagne électorale sur le thème du changement. Des candidats qui voulaient voir la Cité autrement, qui voulaient brasser les idées et revoir le rôle des villes.

L’affaire, c’est que Mélanie Villeneuve et Marc-André Guertin ont gagné leur pari et ont pris le contrôle des conseils municipaux. À Otterburn Park, la gang de Mme Villeneuve n’a plus aucune opposition au conseil. Il est plus facile de mener la révolution sans opposition. Mais si on discute un peu, on sent que d’anciens élus n’aiment pas trop la tournure des choses. Surtout, on n’aime pas se faire dire qu’on a pris de « mauvaises décisions » alors qu’on était en poste.

À Belœil, Mme Viau a promis du changement, mais les candidats de Belœil gagnant, la garde qui entourait l’ancienne mairesse Diane Lavoie, ont réussi à garder une main sur le volant, pour citer la formule consacrée! Et lorsque je leur parle, individuellement, il en ressort un peu cette même frustration que chez les anciens candidats défaits d’Otterburn Park : on n’accepte pas de se faire dire que les anciennes décisions n’étaient pas bonnes. Et avec raison. Je l’ai souvent dit ici; le bilan de Diane Lavoie à la tête de la Ville n’a rien de catastrophique. Au contraire, depuis que j’ai débarqué dans la région en 2007, je n’ai jamais vu Belœil aussi dynamique et prospère.

Alors, oui, on peut être sensible aux idées « progressistes » d’Oser Belœil et de Nadine Viau, pour emprunter ses mots. Mais il ne faut pas s’étonner de voir une résistance. Et même si elle dit être surprise, je crois que Mme Viau sait qu’elle bouscule le conseil municipal et que tous les élus ne partagent pas sa vision. D’où la fausse naïveté.

Une petite note sur le changement. Dans son livre Les 48 lois du pouvoir, un best-seller que j’adore citer et revisiter, l’auteur Robert Greene démontre par des exemples historiques qu’il faut promettre le changement, mais ne pas l’amener trop vite. « Appelez au changement, pas à la révolution. Le changement est salutaire, tout le monde est d’accord là-dessus; mais votre quotidien est pétri d’habitudes. Trop d’innovations simultanées traumatisent et conduisent à la révolte. Si vous venez d’être intronisé à un poste de pouvoir ou que vous essayez d’en établir les bases, montrez bien que vous respectez les traditions. Si un changement est nécessaire, faites-le passer pour une légère amélioration du passé. »

Pour Mme Viau, c’est peut-être ce qui fera la différence entre être rassembleuse pour son parti et être rassembleuse pour la Ville. Je le souhaite pour le bénéfice des Belœillois.

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