Au moment d’écrire ces lignes, les élus de Saint-Marc se préparent à reprendre leur vote sur le règlement qui limite la vitesse sur une partie de la rivière et encadre la pratique du wakeboard. Selon toute vraisemblance, les élus appuieront le règlement.
Après ce vote, seuls les élus de Saint-Denis, divisés sur la question, manqueront à l’appel. S’ils décidaient d’unir leurs voix à celles des autres villages, le règlement pourrait voir le jour, au grand dam de l’industrie nautique qui s’oppose à cette version du règlement et demande la tenue d’une table de concertation.
Pourtant, même avec ce nouveau règlement, les changements seraient à peine perceptibles dans les prochaines années pour les plaisanciers. Parce qu’il y a la réalité, et il y a la théorie. Dans la réalité, le règlement ne serait pas appliqué cet été. Les policiers de la Sûreté du Québec ne seront pas sur la rivière tous les jours avec des radars et du ruban à mesurer pour calculer la distance entre les berges et les bateaux. Les villages ne voudront pas débourser d’énormes sommes pour installer une panoplie de signalisation sans subventions.
Et les marinas, à quelques lignes près, étaient d’accord avec le règlement actuellement sur la table. Sauf la partie sur le wakeboard. Mais un règlement, ça change. Ce n’est pas la constitution du pays qui est négociée ici.
Bien sûr, une table de concertation serait une idée à étudier. Mais pas pour trouver un compromis. Comme le directeur de la Fondation Rivières le dit, on ne veut pas un compromis, on veut le meilleur règlement pour la rivière. Mais, écouter le milieu nautique, même si on connaît ses arguments, ça ne peut pas être mal. Je ne pense pas qu’il s’agisse ici du lobby de la cigarette qui finance des chercheurs sur les maladies des poumons; on peut tendre l’oreille, soyons de bonne foi.
Et le moment serait idéal pour élargir le débat sur le reste de la rivière. Triste que tout ce débat repose sur quatre villages, comme je l’ai déjà dit. On dirait que ça manque un peu de conviction autour de la table. Les députés bloquistes fédéraux osent peu se prononcer, les élus des autres villes, au sein de la MRC de La Vallée-du-Richelieu, sont aussi frileux à initier des changements. Et ce, même si toutes les municipalités de la région semblent ramer dans la même direction pour une concertation régionale.
Donc, Saint-Denis devrait peut-être adopter ce règlement et constater que rien ne change vraiment. Du moins, pas dans la prochaine année. Et surtout, on donne au moins des outils aux policiers pour intervenir auprès des plaisanciers « cow-boys » qui ne respectent pas la quiétude des riverains ou des autres usagers de la rivière.
Et une sérieuse réflexion s’impose sur la place du wakeboard sur nos rivières, comme dit le maire de Saint-Marc. Je sais, c’est ben l’fun les sports de traîne; mais ça reste une activité qui produit d’immenses vagues, surtout dans une rivière étroite. Il est peut-être temps de passer à autre chose.